Marron ou châtaigne, comment faire la différence

Ca y est, c’est l’automne et qui dit automne dit sorties en forêt pour aller récolter de quoi faire des marrons chauds ! Seulement, l’appellation “marron chaud” porte très souvent à confusion et il n’est pas rare que certaines personnes ramassent des marrons en pensant les faire cuire à la poêle et les déguster alors que la seule chose qu’on peut en faire, c’est de la lessive naturelle.

Alors qui confond-on avec qui ?

Lorsqu’on dit qu’on va faire des marrons chauds, manger des marrons glacés ou encore de la crème de marrons, on parle du fruit du châtaignier (Castanea sativa) : la châtaigne. La confusion est faite avec le fruit du marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum – “hippo” pour cheval et “castanum” pour châtaigne, la châtaigne des chevaux, car on le donnait autrefois à manger aux chevaux mais des cas d’intoxication ont été décrits) qui ne vient d’ailleurs pas du tout d’Inde mais des Balkans : le marron donc.

Les marronniers ont été plantés en masse dans les grandes villes, notamment dans les parcs et jardins et en arbres d’alignement à partir de la seconde moitié du XVIIème siècle en France. On les voit partout où il y a des villes. Les châtaigniers ont pour origine le nord de la Méditerranée et s’étendent vers l’Ouest sur la péninsule ibérique et vers l’Est jusqu’au Caucase. Je ne pense pas qu’on puisse retrouver des châtaigniers en ville. Car en effet, le châtaigner est cultivé pour son côté alimentaire depuis bien plus longtemps que le marronnier qui a été introduit en France pour son côté ornemental (pour son feuillage mais surtout pour ses fleurs qu’on verra après). Parce qu’au départ – souvenez-vous de son nom trompeur – on pensait que le marronnier venait d’Inde. Et ce que les gens de l’époque aimaient par dessus tout (et c’est toujours le cas d’ailleurs), c’est les choses dîtes “exotiques”.

Pour résumer

Comment les différencier ?

Il y a plusieurs moyens de différencier les marrons des châtaignes et les marronniers des châtaigniers. Je vais donc vous présenter des photos des différentes parties de chaque arbre. Sera représenté à gauche le châtaignier et à droite le marronnier. Mais pas de panique, j’ai tout légendé pour éviter au maximum possible les confusions. Pour commencer, on peut s’intéresser au tronc :

On remarque bien que le tronc du châtaignier est non seulement plus clair que celui du marronnier, mais qu’en plus de ça l’un a une écorce qu’on peut dire nervurée et l’autre un motif en puzzle ou un peu comme une terre craquelée à cause de la sécheresse.

Regardons maintenant du côté des feuilles :

Pour les feuilles, ça peut être un peu plus compliqué si on n’a pas l’habitude d’observer leur morphologie, mais on peut quand même remarquer une première chose : La feuille du châtaigner est très dentée. Pour aller plus loin, on peut noter une différence significative. Les feuilles de châtaignier sont simples alors que celles du marronnier sont composées. Composée veut dire qu’il s’agit d’un ensemble de folioles (petites feuilles) regroupés sur le même pétiole (c’est la petite tige qui relie une feuille à sa branche). Dans le cas du marronnier, les folioles sont par 5 ou 7.

On peut aussi regarder leur floraison :

Le châtaignier a pour particularité d’avoir sur le même pied des fleurs mâles et des fleurs femelles mais indépendantes les unes des autres. Les fleurs que vous pouvez voir sur la photo sont les fleurs mâles, il s’agit de chatons. Les fleurs femelles, quand à elles se trouvent à l’aisselle des feuilles et sont plutôt en forme de boule. Pour ce qui est des fleurs du marronnier, on peut déjà observer leur couleur blanche tintée de jaune, d’orange ou de rouge. Le jaune indique aux insectes pollinisateurs que la fleur n’a pas encore été visitée et qu’elle contient donc du nectar et plus on vire au rouge moins elle sera intéressante à visiter. Chaque fleur possède les organes mâles (étamines et pollen) et un organe femelle (pistil et ovaire).

Mais le plus simple pour faire la distinction, ce sera au niveau des fruits et de leurs bogues :

Clairement d’un côté on a une bogue super agressive, un peu comme un herrisson et de l’autre quelque chose de beaucoup moins piquant et plus lisse. A l’intérieur, la châtaigne a une forme de berlingot (vous savez les petits bonbons colorés de Provence) avec une petite touffe de poils sur le haut alors que le marron est rond et totalement dépourvu de poils.

Les différences caractéristiques ne s’arrêtent pas là, alors pour aller plus loin, je vous invite à consulter les pages wikipédia ou Telabotanica de chacun des arbres.

Maintenant que vous savez faire la différence, sachez que les châtaignes sont parfois infestées par les larves d’un petit coléoptère nommé Balanin des châtaignes et celles d’un papillon appelé Carpocapse des châtaignes. Pour savoir quelles châtaignes laisser sur place, il suffit de regarder la partie claire de la châtaigne (celle qui est à la base, en dessous). Cette partie possède naturellement des petits dessins comme des traits fins éclatés vers les bords. Les vers entrent souvent dans les châtaignes par cette partie et forment des sillons assez épais et facilement différenciables des nervures naturelles de la châtaigne. 

Vous êtes paré.e.s pour votre récolte !

Article modifié le 7/10/2022 à 10h16

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