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Mon jardin-forêt

Journal de bord : mon jardin-forêt #1

Raréfaction de l’eau et évènements climatiques extrêmes nous ont fait prendre conscience que la façon traditionnelle de cultiver les plantes comestibles était vouée à disparaître. Après une première année à tenter de faire un potager tout ce qu’il y a de plus habituel, si ce n’est que nous ne voulions pas toucher à notre sol, l’évidence était là. Nous allions devoir revoir nos projets pour notre jardin potager.

Nous avons emménagé en août 2021 à la campagne. J’étais jardinière, il était jardinier, tous deux dans un jardin botanique en région parisienne. Le potager ce n’était donc pas une découverte pour nous me direz-vous. Et pourtant, je n’avais jamais (ou presque) fait pousser de plante depuis la graine (parce que c’était les gens de la graineterie qui s’en chargeaient). Notre maison se trouve dans un petit village très calme. Le potager se trouve quant à lui tout en bas de ce village, au bord d’un ruisseau qu’on béni chaque jour d’être là (et un deuxième qui lui est à sec en été et sur lequel on ne peut donc compter à cette période), sans quoi il serait très difficile de cultiver car nous sommes en région Occitanie et les étés y sont chauds. De plus en plus chauds même.

Le terrain que nous avons acquis avec la maison ne fait pas plus de 167m2. Ce qui est amplement suffisant pour commencer. D’autant plus que nous avons dû retrousser nos manches en arrivant car ce terrain et le chemin qui y mène étaient envahis de clématites et de ronces à notre arrivée. Personne n’y était allé depuis plusieurs années. La présence de ces plantes indiquait purement et simplement que notre terrain, anciennement cultivé comme potager, était en train de se transformer en forêt.

Il nous aura fallu 3 mois (et surtout à mon compagnon) pour tout défricher à la faucille. L’arrachage des pieds de clématites et de ronces nous aura pris plus de temps. Tout ce qui avait été fauché, nous l’avions utilisé en paillage pour aider notre terre à se décompacter car après des années d’utilisation d’un motoculteur, la terre en surface s’était transformée en une grosse croûte extrêmement compact. Au début de l’année 2022, nous avons commencé à réfléchir aux plantes potagères qu’on allait vouloir cultiver. Tomates, courgettes, courges, concombres, pommes de terre, oca du Pérou, radis, carottes, panais, chou-rave, pois-chiches, soja, haricots verts, etc. La liste était très longue et peut-être un peu ambitieuse pour une première année.

Les semis ont commencé en avril et nous avons vite tiré une première conclusion de notre nouvelle expérience en tant que cultivateur et cultivatrice d’un potager : le semis de plantes annuelles, ça n’est vraiment pas pour nous. Faire des semis demande une grande organisation, un arrosage très suivi, il faut après repiquer les jeunes pousses et continuer encore le suivi de l’arrosage jusqu’à les mettre en pleine terre. Sauf que quand les semis n’arrivent pas à maturité alors qu’on a passé des semaines à s’en occuper, il y a de quoi être découragé. Pour terminer, les 3/4 de ce que nous avons pu mettre en terre s’est mis à monter en fleur avant même d’avoir atteint une bonne taille pour nous donner des légumes.

Le jardin avec sa zone paillée qui a accueilli comme elle le pouvait nos plants de courges, courgettes et autres Cucurbitacées. Au fond le pont qui enjambe le ruisseau. Devant au milieu la zone qui accueille nos plantes aromatiques.

Vraiment, passer autant de temps à s’occuper de plantes qui quoi, qu’il arrive, ne vivront qu’un an (les plantes potagères sont pour la grande majorité des plantes annuelles), le calcul était vite fait pour nous, ça n’était pas rentable, surtout avec autant de ratés liés à la sécheresse précoce.

Il faut savoir aussi qu’à Paris, nous avons tous les deux travaillé dans des secteurs qui cultivaient des plantes vivaces (c’est-à-dire qui ont une durée de vie de minimum 5 ans). Et l’avantage avec les plantes vivaces, c’est qu’elles ne se reproduisent pas que par leurs graines (reproduction sexuée), mais elles sont aussi très fortes en reproduction végétative : bouturage, marcottage, greffage. Parmi ces plantes, il y en a qui font des bulbilles (ex: ail), des stolons (ex: fraisiers), des tubercules (ex: pomme de terre), des rhizomes (ex: crosne du Japon), etc.

Après tant d’échecs sur cette première année au potager, nous en sommes venus à la conclusion qu’il fallait qu’on continue à faire ce qu’on savait faire : cultiver un jardin de plantes vivaces mais cette fois-ci comestible.

Dans une prochaine publication, je vous raconterai comment nous avons développé notre projet de jardin-forêt (spoiler : il s’agira plutôt d’un hybride entre une forêt et un jardin potager), comment nous nous sommes documentés, comment nous allons développer ce jardin (car on ne fait pas un jardin-forêt en une année) et les premières plantes vivaces comestibles que nous avons mises en place cette année.

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13 Comments

  • Soonia
    19 October 2022 at 12h04

    Réflexion très intéressante. Je vais suivre ça de prêt.

    Reply
    • Mélanie Lily
      19 October 2022 at 12h11

      Merci Sonia ! J’ai hâte de vous en parler d’avantage et surtout de vous permettre de suivre l’évolution de ce jardin !

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  • FairyM
    19 October 2022 at 12h52

    L’article que j’attendais tant! Comme je te l’avais mis sur Instagram, j’espère que tu vas te pencher sur la transmission de ce que tu apprends via la proposition de formation ou autre.
    J’ai hâte !

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    • Mélanie Lily
      20 October 2022 at 10h51

      Merci beaucoup Marion ça me touche beaucoup ! J’aimerais beaucoup mettre ça en place pour l’année prochaine ou dans deux ans. Proposer des petites formations/ateliers et sorties nature/cuisine de plantes sauvages comestibles ! <3

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  • Sophia
    19 October 2022 at 13h05

    Super article. Je suis également dans cette orientation pour mon potager !

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    • Mélanie Lily
      20 October 2022 at 10h49

      Tu as déjà commencé la transition de ton potager du coup ? 🙂

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  • Emilie
    20 October 2022 at 11h07

    Je ne savais pas que ton copain était jardinier ! Ça a l’air d’être un super projet, j’ai hâte de voir ce que ça va donner et je vais suivre ça de près !

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    • Mélanie Lily
      21 October 2022 at 18h42

      Et oui ^^ C’est pratique parce que ça fait deux fois plus d’expertise sur le jardin surtout que nos compétences sont assez complémentaires ! Hâte de vous parler de la suite !

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  • Alice
    28 October 2022 at 17h00

    Oh j’ai hâte de suivre les avancées ! Et je trouve ce retour au blog est tellement chouette.

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    • Mélanie Lily
      30 October 2022 at 11h08

      Merci infiniment Alice ! Ce nouveau blog est très stimulant pour moi alors je suis ravie de savoir qu’il te plaît aussi ^^ <3

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  • Camille
    26 November 2022 at 17h19

    Impatiente de suivre tes aventures. Nous avons un petit jardin potager depuis deux ans. Il produit pas mal de légumes pour notre plus grand bonheur mais je reste cependant très intéressée par le fait d’introduire plus de plantes vivaces dans mon petit jardin d’autant plus avec le changement climatique.

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    • Mélanie Lily
      6 December 2022 at 9h36

      C’est cool de voir d’autres choses en effet et les plantes vivaces ça a l’avantage de pas trop demander de boulot 😀

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  • […] mon premier article je vous décrivais notre petit jardin de 167m2, comment nous l’avions trouvé et ce que nous […]

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